THE JESUS AND MARY CHAIN
ROCK
Si le surnom de « toxic twins » était déjà pris par Steven Tyler et Joe Perry d’Aerosmith en raison de leur appétit féroce pour la dope, les frères Reid en avaient l’étoffe. Lorsqu’ils montent leur groupe à l’aube des eighties, Jim et William sont deux jeunes Ecossais qui ont grandi dans une ville trop petite pour eux. Après quelques années à peaufiner leur son, ils sont prêts à jouer live au printemps 1984. Or face à la difficulté de trouver des occasions de live pour leur groupe, The Jesus & Mary Chain ont une technique bien à eux pour jouer quand même : arriver tôt sur le lieu d’un concert, prétendre qu’ils sont la première partie, jouer un set court et filer à l’anglaise quand les groupes prévus se pointent sur les lieux, d’après le biographe John Robertson. « Upside Down » est un tel succès indé qu’il reste dans le classement singles pendant 76 semaines (!). Très vite, un public s’intéresse à ces drôles d’Ecossais qui ont le goût pour les chansons pop jouées avec un mur de son d’une froideur étonnante. Ils se taillent alors une petite réputation avec leurs concerts de 20 minutes joués la plupart du temps dos au public, sous l’emprise d’amphétamines – une substance pour laquelle ils auront des ennuis avec les autorités, tout comme le LSD.
Après un concert particulièrement chaotique où le public leur jettera des projectiles sur scène en décembre 1984, la rumeur qu’un nouveau groupe sulfureux excite la jeunesse du royaume se répand jusque dans les rédactions des tabloïds. Ils s’emparent de l’événement et l’exagèrent en parlant carrément d’émeutes. Le fameux Sun en fait ses choux gras et produit un article uniquement concentré sur la consommation de drogue du groupe et sa supposée violence, jusqu’à nommer The Jesus & Mary Chain « les nouveaux Sex Pistols ». Quelle meilleure publicité pour eux ? Interviewé en 1994 par le L.A Times à propos des débuts du groupe, Jim Reid montre une certaine fierté à l’idée d’avoir incarné un renouveau, mais aussi une certaine menace sourde dans l’histoire du rock de son pays : « C’est ce que je pensais à l’époque ». Quoi qu’il en soit, le groupe n’avait pas encore sorti son premier album, le monumental Psychocandy, que sa légende était née.





